La Commission européenne s’attaque aux émissions polluantes des élevages. Dans le cadre d’un projet de révision dévoilé mardi 5 avril, elle propose d’
étendre le champ d’application de sa directive 2010/75/UE sur les émissions industrielles aux élevages de bovins, de porcs et de volailles comptant plus de 150 unités de gros bétail (
UGB)
[1]. Objectif : atteindre une économie
« zéro pollution » d’ici 2050.
Cette annonce a indigné les principales organisations agricoles conventionnelles françaises. Cette mesure concernerait
« presque tous les élevages » français
« quelle que soit leur taille », s’est alarmée la
FNSEA, le syndicat agricole majoritaire,
dans un communiqué. Elle a brandi les exemples d’
« un élevage bovin français de 100 vaches sur 120 hectares, nourri à 80 % d’herbe et géré par un couple d’éleveurs » ou d’
« un élevage de 500 porcs alimentés par les céréales produites sur la ferme où travaille une éleveuse ».
« Vue sur une ferme-usine »
Sur Twitter, plusieurs éleveurs ont posté des photos de leurs troupeaux au
pâturage, accompagnées de commentaires tels que
« vue sur une ferme-usine » ou
« élevage industriel selon la Commission européenne »
Cette proposition a aussi suscité l’ire du ministre de l’Agriculture français, Julien Denormandie.
« C’est un non-sens. Nous nous battrons au niveau du Conseil pour remettre de la raison dans ce texte », a-t-il promis
sur Twitter.
« Est-ce qu’un élevage d’une centaine de vaches allaitantes, dans nos montagnes, en Europe, est industriel ? La réponse est non. Et pour autant, cette proposition de la Commission, demain, le considérera comme un élevage industriel. […] Au même moment, on laisse entrer en Europe des élevages utilisant des antibiotiques de croissance, issus de fermes sud-américaines, à 10 000 vaches. Qui eux ne sont pas considérés comme des élevages industriels. C’est une aberration », a-t-il ainsi
dénoncé en présence du commissaire européen à l’Agriculture, Janusz Wojciechowski.
Si cette proposition était adoptée par le Parlement européen et le Conseil comme prévu en 2023, les États membres disposeraient alors de dix-huit mois pour transposer cette directive dans leur législation nationale. Les éleveurs auraient ensuite trois ans pour se mettre aux normes.
« Les obligations découlant de la proposition tiendront compte de la taille des exploitations et de la densité du cheptel grâce à des exigences adaptées », assure la Commission européenne
dans un communiqué. Elles bénéficieront en outre d’un
« régime d’autorisation allégé ». Selon Bruxelles, 13
% des élevages européens pourraient être concernés, qui représentent
« 60 % des émissions d’élevage d’ammoniac et de 43 % de celles de méthane dans l’Union européenne ».