En manque d’herbe, mais pas d’idées pour y faire face !

Avec la sécheresse, l'herbe a bien du mal à pousser dans les prairies. Inquiets, les lecteurs de Web-agri tentent de trouver des solutions comme en semer dans les jachères, faire moins de foin pour augmenter la surface de pâtures, complémenter les animaux avec des arbres fourragers... Jusqu'à des propositions plus ironiques voire radicales.

Anne-Marie Castellar espère « qu'il va pleuvoir » bientôt, et vraiment, car les précipitations tombées fin juin « étaient loin d'être un déluge, juste une petite pluie fine pendant quelques heures ».
« Chez moi, 20 mm d'eau seulement en six mois ! », appuie Julien Ramier. Marcel Platel, lui, dit avoir reçu « 25 mm en une nuit ». « Tant mieux pour vous ! Heureusement qu'il pleut par endroit !!, rétorque Julien Ramier. Ici aussi, une nuit, 45 mm à 30 km. Les joies du métier d'éleveur !!! » « 20 mm d'eau en 6 mois ! » « Vous avez de la chance, renchérit Sandrine Pechon. Dans l'Oise, limite Seine-Maritime, on n'a pas eu d'eau de fin février au 22 juin, où il est tombé une vingtaine de millimètres. Mais il en faudrait bien plus ! Nous avons fait juste une coupe à environ 60 cm et pas de regain (je n'apporte pas d'engrais chimique, indique cette lectrice). Ça va pas peut-être redonner... »

Des pluies rares et hétérogènes sur le territoire

À certains commentaires, qui parlaient d'herbe verte voire haute dans certaines régionsNelly Stoquert répond : « Vert ne signifie pas bonne pousse. » « Je plante des piquets en zone humide avec une masse alors qu'en temps normal, ça s'enfonce comme dans du beurre », rapporte-t-elle. « Tout est cramé ! » À propos du pourcentage mis en avant dans le sondage de Web-agri (72 % des éleveurs manquent d'herbe), Thomas Guiraud estime qu'il perd plutôt « 70 % du rendement ». Sur la ferme de Joris Eure, « tout est cramé ». « Pour les VL, c'est quasi tout à l'auge et pour les VA, c'est très tendu, poursuit-il. J'avais fermé une parcelle pour de l'enrubannage que je vais certainement leur donner, et il n'y aura aucun regain après ensilage... »

Des foins de plus en plus précoces

Nelly Morel, résignée : « (...) Avec le réchauffement climatique, l'herbe va forcément manquer et les foins vont commencer dès mi-mai. » Didier Terraillon va dans le même sens : « (...) J'ai pu remarquer cette année que, chez mes voisins, tous les prés étaient récoltés avant le 20 juin. Et sans aucune trace au sol : le déficit hydrique est tel que ça peut passer partout mais avec, malheureusement, un petit rendement en herbe. » « Tout fauché au 20 juin ! » « Avant je n'attaquais pas avant le 16 juin, fait également remarquer Jean-François Gros. Cette année, au 25 juin, il ne me reste que 15 ha à faucher, parce que je n'ai pas voulu les faire pendant la période de canicule pour éviter les incendies. » « Trop d'eau ou pas assez, de la grêle, trop de vent, de soleil, de gel... » Pour Cédric Damiens, il n'y a pas que le déficit hydrique qui pose problème en agriculture et en élevage. « Oui, un vrai défi ! », confirme Nelly Stoquert.

Que faire ?

Acheter du foin ? Plusieurs lecteurs, tels Alex HuchetDom Meuriot ou Jean-Pierre Bremaud, en proposent aux éleveurs qui en ont besoin. En faire moins pour garder de l'herbe dans les pâtures ? Une idée que caliméro a mis en pratique. En plus, il a « mis du trèfle violet qui reste vert même quand le RGA grille ». En semer dans les jachères ? René Flandrin n'y croit pas : « Quand il manque 50 % de récolte à la 1ère coupe et que la 2ème est un vrai paillasson, il y aurait de l'herbe à gogo dans les jachères ?! » D'ailleurs, selon un sondage réalisé en avril sur Web-agri, la plupart des éleveurs ne semblaient pas favorables à leur retournement. « Pourquoi l'herbe pousserait-elle mieux dans les jachères ? » Planter des arbres fourragers ? C'est ce que préconise Agathe Savary Vachet « (...) Ici, le frêne pousse comme du chiendent. C'est un bon fourrage, très apprécié des bêtes, qu'on peut sécher en fagot pour l'hiver. Mes arbres sont en cours de plantation ou de mise en forme, à voir ce que ça donnera quand j'essaierai. » « (...) J'ai planté des noisetiers, mes animaux en raffolent, avec l'avantage qu'ils sont résilients face aux changements de température », témoigne Nelly Stoquert.

Des boutades aux solutions drastiques

Faucher les bords de route pour nourrir les vaches ? Solution suggérée par Ardenn Ecot Evettes. « Pratiqué pour la première fois en Seine-et-Marne cette année ! », note Jean-François Fresne. « Super, du fourrage chargé de plastiques, de verre, de canettes et de plomb ! (...) », lance Frossard Marianne. « Fallait pas le prendre au 1er degré ! », précise Ardenn Ecot Evettes. « Plus de l'herbe, et bientôt plus d'éleveurs ! » « Allez voir chez les dealers, de l'herbe, ils en ont à profusion », ironise à son tour Jean Thai. Décapitaliser le cheptel ? « On va voir la suite, mais si pas suffisamment de fourrage », Nelly Stoquert devra peut-être s'y résoudre. « On l'a fait il y a deux ans chez nous, c'est vraiment dur », racontent Julien et Christine Faivre Duchanois. « Il va manquer d'herbe et surtout d'éleveurs, si ça continue », mettent-ils en garde.
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