TENDANCE : LE BOOM DE LA VIANDE EN LIGNE

Commander sa viande en ligne séduit de plus en plus de Français, soucieux de connaître sa provenance.
Choisir son rumsteck sur photo en trois clics ou recevoir son colis de côtelettes au bureau, ça vous paraît étonnant ? Plus tant que ça. Aujourd'hui, le consommateur peut, et veut, tout acheter en ligne. Même sa viande. « C'est difficile à quantifier, mais, comme le montre le succès des drives, on consomme de plus en plus d'alimentaire par Internet, note Eric Lesage, expert de l'e-commerce et créateur de le Drive-fermiers.fr. On commande aujourd'hui avec son téléphone des produits impensables il y a cinq ou dix ans. » Pourquoi ? « Le consommateur recherche les circuits courts. Pour lui, c'est très rassurant de connaître l'éleveur et de savoir où la bête a pâturé. »
Roger Mechri, un ancien de PayPal, croit dur comme fer en ce nouveau phénomène. Avec deux amis, il a lancé en juillet Okadran.fr, la première plate-forme de vente directe de viande de l'éleveur au consommateur. « Je cherchais une opportunité pour créer une marketplace ( NDLR : place de marché), explique le cadre de 53 ans. Mon beau-frère et un cousin sont éleveurs et l'actualité nous a rattrapés. »
Le «Airbnb de la viande»
Sur Okadran.fr — le nom est en soi un clin d'oeil au marché du porc breton —, ce sont les éleveurs, exclusivement français, qui mettent leurs produits en ligne et en fixent eux-mêmes les prix en fonction de la marge qu'ils jugent acceptable. « Dans le circuit long, il y a en général trois intermédiaires entre l'éleveur et le consommateur, et cela peut aller jusqu'à huit, souligne Roger Mechri. Avec notre site, le consommateur peut accomplir un acte citoyen, aider les éleveurs à vivre correctement. Le prix, ce n'était pas le but premier. Mais au final, la viande y est moins chère. » Preuve de l'engouement des consommateurs pour cet « Airbnb de la viande », comme le surnomme déjà son créateur, 15 000 EUR de commandes ont été enregistrés en trois semaines, entre fin août et début septembre. Le site, qui emploie six personnes, prélève 10 à 16 % de commission.
« J'ai commandé un colis de 8 kg de boeuf pour 110 € en comptant le transport et j'en suis très contente, témoigne Jacqueline Le Goff, qui vit avec son mari en Anjou. J'en ai mangé un peu et j'ai congelé le reste. Comme je me déplace mal, ça m'arrange de commander par Internet. » Nicole Chêne, une habitante du Val-de-Marne de 75 ans, a acheté en ligne la viande de son neveu, éleveur dans les Pyrénées : « Ce n'est pas plus cher et je sais que le bétail a été élevé dans de bonnes conditions. »